L’effet Zeigarnik : Pourquoi les affaires inachevées persistent ? 

21 janvier, 2025

Steve Mbenoun

effet Zeigarnik

Vous est-il déjà arrivé de penser sans relâche à quelque chose que vous n’avez pas fini ? Peut-être une tâche laissée en suspens ou un épisode de série que vous avez regardé à moitié. 

Cette difficulté à ne pas vous ôter ces pensées intrusives dans votre esprit porte bien un nom en psychologie, c’est l’effet Zeigarnik. 

Concrètement, comment marche ce phénomène ? Comment l’utiliser pour atteindre ses objectifs ? Et pour finir, l’effet Zeigarnik peut-il aussi se manifester dans les relations amoureuses ? On vous explique tout. 

Qu’est-ce que l’effet Zeigarnik ?

L’effet Zeigarnik désigne un phénomène psychologique selon lequel les tâches inachevées ou interrompues restent plus ancrées dans notre mémoire que celles qui sont terminées. 

Il porte le nom de la psychologue russe Bluma Zeigarnik, qui, dans les années 1920, a constaté ce phénomène pour la première fois en observant des serveurs de restaurant. Ces derniers semblaient mémoriser les commandes de leurs clients uniquement jusqu’au moment où elles étaient entièrement servies. 

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Crédit photo :  loptimisme 

Une fois la commande livrée, ils l’oubliaient rapidement. Inspirée par cette observation, Zeigarnik a mené plusieurs expériences pour approfondir la compréhension de cet effet.

Ses recherches ont révélé que l’esprit humain a tendance à maintenir en mémoire les tâches inachevées, ce qui crée une certaine « tension cognitive » jusqu’à ce qu’elles soient résolues. 

Ce mécanisme psychologique serait motivé par un sentiment d’incomplétude, qui pousserait les individus à se rappeler de ce qui n’est pas terminé pour finalement le mener à terme. L’effet Zeigarnik est aujourd’hui largement utilisé en marketing, en gestion de projets et même en pédagogie pour une meilleure productivité. 

L’effet Zeigarnik : Comment ça marche concrètement ?

Notre mémoire à court terme est limitée en capacité, elle ne peut retenir qu’un certain nombre d’informations à la fois. Pour conserver ces informations, nous devons souvent les répéter, ce qui exige un effort mental.

Les serveurs en sont un exemple frappant. Pour bien gérer leurs tables, ils doivent garder en tête les commandes de chaque client jusqu’à ce que le service soit terminé. Les plats et boissons, ainsi que d’autres détails, restent en mémoire tant que la tâche de service est en cours. Face à une surcharge mentale, les gens développent diverses méthodes pour mieux se rappeler des choses. L’effet Zeigarnik en est une et elle constitue une activité naturelle de notre cerveau.

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Crédit photo : wixstatic 

C’est un phénomène qui nous pousse à retenir temporairement certaines informations en les ruminant fréquemment dans notre esprit. Grâce à cette capacité naturelle à ressasser les tâches inachevées, on les garde en vue jusqu’à ce qu’elles soient terminées avant de les passer aux oubliettes. 

Quelques exemples pour mieux comprendre l’effet Zeigarnik 

L’effet Zeigarnik se manifeste constamment dans notre quotidien. Voici quelques exemples courants pour mieux comprendre le concept : 

Les séries télévisées à suspense

Lorsque vous arrêtez un épisode au milieu d’une intrigue, il reste souvent en tête jusqu’à ce que vous regardiez la suite. Les scénaristes utilisent cette technique pour maintenir l’intérêt des spectateurs. Il exploitent l’effet Zeigarnik pour que vous soyez impatients de connaître le dénouement.

Les tâches inachevées au travail

Une tâche commencée mais non terminée, comme un rapport en cours ou un e-mail resté en brouillon, peut vous hanter tout au long de la journée. Tant qu’elle n’est pas achevée, elle continue de capter votre attention et de revenir dans vos pensées.

Les courses oubliées

Si vous quittez la maison avec une liste incomplète de courses en tête, il est probable que les articles que vous n’avez pas encore achetés occupent votre esprit. L’effet Zeigarnik vous pousse à penser constamment aux éléments restants pour ne pas les oublier.

Les conversations non terminées

Lorsqu’une discussion importante est interrompue, les éléments non abordés reviennent souvent en mémoire, ce qui crée un besoin de reprendre la conversation. Ce phénomène explique pourquoi les conversations non résolues nous laissent un sentiment d’inachèvement.

Les projets personnels en suspens

Que ce soit un livre que vous avez commencé, un puzzle laissé de côté ou une formation non terminée, ces projets inachevés ont tendance à persister dans notre esprit. Ce rappel constant est un effet Zeigarnik qui vous incite à terminer ce que vous avez entamé. 

L’effet Zeigarnik : comment l’utiliser pour atteindre ses objectifs ? 

L’effet Zeigarnik peut réellement nous aider à améliorer bien des aspects de notre vie quotidienne. Une fois qu’on comprend comment il fonctionne, on peut l’utiliser de manière stratégique pour atteindre des objectifs.

Garder la motivation 

L’effet Zeigarnik est une méthode efficace pour rester motivé, surtout quand on a des projets de longue haleine. En fractionnant un grand objectif en petites étapes, chaque sous-tâche inachevée crée un rappel dans notre esprit qu’il reste des choses à faire, ce qui nous pousse naturellement à continuer d’avancer.

C’est particulièrement utile pour lutter contre la procrastination : avec un peu de discipline, le fait de savoir qu’une tâche n’est pas terminée nous donne l’élan pour y retourner. Grâce à cela, même les projets qui paraissent écrasants deviennent plus faciles à gérer, car nous avons toujours ce rappel du cerveau qui nous motive constamment à progresser. 

Renforcer la mémoire

L’effet Zeigarnik peut aussi être un excellent allié pour booster notre capacité à retenir des informations. En interrompant volontairement une session d’étude ou de lecture avant d’avoir tout assimilé, on laisse notre cerveau dans une sorte d’état de « non-achèvement ». Cela crée une petite charge mentale qui garde les informations en suspens dans notre esprit, un peu comme un fichier non sauvegardé sur un ordinateur. 

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Crédit Photo : i0.wp 

Du coup, quand on retourne à notre session d’étude, les détails ont tendance à être mieux ancrés et les connexions entre les idées se font plus naturellement. Cette méthode peut être très utile lors des périodes de révisions. En quelque sorte la méthode oblige notre esprit à revisiter constamment les notions en attente, ce qui facilite une meilleure mémorisation.

Développer une meilleure gestion des priorités 

L’effet Zeigarnik peut vraiment nous aider à mieux organiser notre temps et nos priorités. Tenir une liste de tâches, en séparant ce qui est déjà fait de ce qui reste à faire, permet de structurer nos activités et de garder le cap sur l’essentiel. Les tâches incomplètes deviennent comme de petits rappels dans le cerveau qui nous incitent à les terminer.

Cette technique aide aussi à nous alléger mentalement. En notant ce qu’il reste à faire, on libère de l’espace dans notre esprit. Cela laisse plus de place pour la concentration et la créativité, sans craindre d’oublier quelque chose. Résultat : à la fin de la journée, on sait exactement où on en est. On peut donc reprendre facilement là où on s’était arrêté.

Effet Zeigarnik et amour : quelles influences dans les relations amoureuses ?  

L’effet Zeigarnik est souvent abordé dans le cadre professionnel pour améliorer la productivité, mais il n’est pas sans influence dans les relations amoureuses. 

Des difficultés à oublier une histoire d’amour qui n’a jamais commencé

Parfois, on fait une belle rencontre, l’alchimie monte, tout semble parfait puis du jour au lendemain, plus rien. Ce qui aurait pu devenir une belle histoire reste en suspens, sans jamais vraiment commencer. 

Pour notre cerveau, cette relation avortée devient comme une « tâche inachevée ». Alors, il envoie des rappels qui incitent à « terminer » ce qui a été commencé.

Même si, techniquement, il n’y a pas eu de rupture (puisqu’il n’y a jamais eu de vraie relation), il devient difficile de passer à autre chose. 

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Crédit photo : elle.fr 

On se retrouve souvent à ressasser les moments partagés, à imaginer ce qu’aurait pu être cette relation qui n’a jamais existé. Le cerveau nous pousse sans cesse à y penser et il devient vraiment difficile d’oublier l’autre partenaire. 

C’est souvent le cas des histoires de flirts qui durent des mois, mais sans que rien ne soit concrètement officialisé. Si l’un des deux partenaires décide de partir, l’autre peut se sentir « coincé », incapable de passer à autre chose. 

Des difficultés à oublier un ex

L’effet Zeigarnik peut aussi se manifester dans le contexte des ruptures amoureuses, notamment quand une relation se termine de façon brutale ou sans explication. Par exemple, une relation sérieuse prend fin et l’un des deux partenaires se retrouve abandonné sans une raison claire. 

Logiquement, celui qui s’est fait largué vit mal la rupture. Il se remet en question et se pose beaucoup de questions sans réponse. D’abord, c’est de l’ambiguïté puis si au fils des jours rien n’est arrangé l’effet Zeigarnik s’installe. 

Pour le cerveau, cette rupture devient une sorte de tâche inachevée. En l’absence d’un motif concret de séparation, l’esprit ressasse la situation, comme s’il cherchait à « boucler la boucle ». 

L’effet Zeigarnik fait donc ressurgir la relation encore et encore, ce qui maintient les souvenirs et les questions sans réponse. C’est une situation très éprouvante au point de nécessiter chez certaines personnes l’aide d’un professionnel avant qu’ils puissent tourner la page.

L’effet Zeigarnik dans une relation amoureuse : Comment surmonter cette mauvaise passe ?

Alors, comment sortir de cette boucle ? Si vous aussi ressassez une dispute ou une situation avec votre partenaire, voici quelques conseils pour surmonter tout ça : 

Prendre du recul et analyser vos pensées

Le premier effort à faire est de prendre du recul. L’objectif ici est de mettre de la distance avec ces pensées récurrentes, de s’accorder un moment pour souffler et éviter de se laisser submerger par l’émotion du moment. 

Crédit photo : esthervalentincoaching 

Ensuite, il faut essayer d’analyser ce qui bloque vraiment. Peut-être s’agit-il d’une attente non exprimée, d’un besoin qui n’a pas été compris ou simplement d’une envie de se sentir écouté. En prenant le temps d’explorer ces points, il devient plus facile d’identifier ce qui reste en suspens et d’ouvrir la porte au dialogue.

Travailler ensemble sur les attentes non satisfaites 

Souvent, ce sont ces attentes non comblées qui se cachent derrière les pensées répétitives. Peut-être attendez-vous plus de soutien, plus de temps de qualité ou plus de reconnaissance. Ces besoins, quand ils ne sont pas comblés, peuvent rester dans l’ombre. 

Le travail ici est de reconnaître ces attentes, non pas comme des reproches, mais comme des envies ou des besoins légitimes qui, s’ils sont partagés, peuvent améliorer votre relation. 

Une fois identifiées, proposez à votre partenaire de travailler ensemble pour trouver des moyens d’y répondre. Parfois, de petites actions suffisent à combler ces attentes et réduire le sentiment d’incomplétude que le cerveau ressasse. Ensemble avec votre partenaire, vous réussirez alors à renforcer la relation et développer une meilleure compréhension mutuelle.

Pratiquer la pleine conscience 

La pleine conscience est un exercice efficace pour contrer l’effet Zeigarnik. Avec des techniques comme la méditation ou la respiration profonde, on apprend à accueillir les pensées sans les juger ni les laisser prendre le contrôle. Dans une relation, cela aide à éviter de se laisser envahir par de mauvais souvenirs. 

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Crédit photo :  istockphoto 

L’idée est simple : quand une pensée récurrente surgit, prenez un moment pour respirer profondément et observez-la sans vous y attacher. La pleine conscience permet de revenir au moment présent et de se libérer des pensées répétitives. C’est un exercice puissant pour retrouver un état d’apaisement et de sérénité. Il permet de développer la capacité de mieux gérer vos émotions, ce qui profite à la fois à votre bien-être et à la solidité de la relation.

Apprendre à lâcher prise sur les petites frustrations

Lâcher prise, c’est parfois plus facile à dire qu’à faire, surtout dans une relation où chaque détail peut prendre de l’importance. Pourtant, apprendre à relativiser les petites frustrations peut être libérateur. L’effet Zeigarnik nous incite à retenir chaque petite déception ou malentendu, mais tout ne mérite pas d’être analysé ou résolu. Certaines choses sont simplement le reflet des aléas du quotidien et il faut laisser couler.

Pour y arriver, demandez-vous si cette frustration sera vraiment importante dans une semaine, un mois ou même un an. Si la réponse est non, cela peut valoir la peine de passer outre. En laissant filer les petites contrariétés, vous créez un espace plus serein dans votre esprit pour une relation plus épanouissante sans le poids de ressentiments inutiles. En apprenant à lâcher prise, vous renforcer votre capacité à alléger non seulement votre quotidien, mais vous développer également une résilience en couple.

Questions fréquemment posées 

Voici quelques questions qui reviennent souvent sur l’effet Zeigarnik qu’il serait intéressant de connaître : 

Qu’est-ce que l’effet Zeigarnik ?

L’effet Zeigarnik est un phénomène psychologique découvert par la chercheuse Bluma Zeigarnik dans les années 1920. Il désigne la tendance naturelle de l’esprit humain à mieux retenir les tâches inachevées que celles achevées. En d’autres termes, lorsque nous n’avons pas terminé quelque chose, cela reste en suspens dans notre mémoire, souvent jusqu’à ce que la tâche soit accomplie.

Comment fonctionne l’effet Zeigarnik ?

L’effet se manifeste parce que notre esprit conserve un sentiment d’incomplétude pour les tâches inachevées. Cela peut provoquer une certaine tension cognitive qui maintient l’information active dans notre mémoire. C’est un mécanisme naturel qui aide à se souvenir des choses jusqu’à leur achèvement.

Comment l’effet Zeigarnik influence-t-il les relations amoureuses ?

Dans une relation, l’effet Zeigarnik peut pousser une personne à ressasser une situation ou une conversation inachevée. Par exemple, une discussion importante restée en suspens peut hanter une personne. Elle pourra arrêter de faire fixette sur le sujet que lorsque la conversation est terminée. 

Comment réduire l’impact de l’effet Zeigarnik dans un couple ?

La première étape pour atténuer cet effet est de favoriser une bonne communication. En exprimant vos pensées et vos ressentis, vous diminuez toute l’attention liée aux malentendus. Pratiquer la pleine conscience et apprendre à lâcher prise sur les petites frustrations peuvent également aider à réduire ces pensées persistantes.

Conclusion

L’effet Zeigarnik nous rappelle un concept universel : ce qui reste inachevé a une place bien spéciale dans nos pensées, qu’il s’agisse de projets, d’objectifs ou de relations amoureuses. 

En comprenant cet effet et en l’utilisant à notre avantage, il devient possible de canaliser cette énergie mentale pour avancer, que ce soit pour accomplir nos buts ou renforcer nos relations. 

Plutôt qu’une simple curiosité psychologique, l’effet Zeigarnik se révèle être un outil puissant pour rester motivé et grandir dans nos vies, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

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